Héroïques défensivement, mais
également efficaces dans ses contre-attaques, les blues de Chelsea
sont venus à bout d'un Barça en panne d'inspiration. La fin d'un
cycle pour les hommes de Pep ?
Le barça, c'est plus ça
L'impensable s'est produit. Il
y a encore un mois, personne n'aurait parié un euro sur une
élimination du barça en demi, et encore moins au dépend de
Chelsea, tout juste orphelin de Villas-Boas. Pourtant favori,
Barcelone n'a pas réussi à renverser la tendance du match aller. Et
ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ils étaient d'ailleurs peu
nombreux, ce qui hier, croyaient encore en l'équipe de Di Matteo après
l'expulsion de Terry. Ils l'étaient encore moins après l'ouverture
du score de Busquets et le break d'Iniesta. À ce moment là du match,
tout laisse à penser que Chelsea va prendre une dérouillé. Et ce
n'est pas Cech, auteur d'un sauvetage en face à face contre Messi
sur une talonnade astucieuse de Fabregas, qui dira le contraire.
Seulement voilà, les Blues n'ont pas les capacités techniques du
barça et ils le savent. Et hier, Chelsea a fait ce qu'il fallait
faire et s'est reposé sur ses armes, à savoir une défense de fer
et un «fighting spirit»
à l'anglaise, illustré par le coup de ciseau de Lampard sur
Fabregas en deuxième mi-temps.
Présent au milieu avec ses quatre centraux de métier (Mikel,
Ramires, Lampard et Meireles) comme à Stamford Bridge, les
londoniens ont occupé l'axe, défendu bas, et se sont projetés vers
l'avant quand il le fallait, comme à l'aller. On ne change pas une
équipe qui gagne. L'action qui amène la réduction du score en est
le parfait exemple. Lampard joue le rôle de la rampe de lancement,
en envoyant sur orbite un Ramires aux allures de sprinter jamaïcain.
Cette fois tout seul, Ramires vient nous rappeler qu'il est bien
brésilien, et ajuste Valdès d'un lob somptueux. 2-1 à la mi-temps,
même Domenech ne croit pas une seconde à la qualification des
Blues. Et pourtant, la seconde période est un remake du match aller.
Les barcelonais ont la possession, mais n'y arrivent pas, même avec l'aide du destin. Où l'arbitre, c'est selon. Drogba fauche
Fabregas dans la surface, Messi se charge de tirer le pénalty et
prend le ballon, qui ira finalement s'écraser sur la barre.
L'inquiétude se lit sur les visages catalans. Les encouragements
répétés de Guardiola depuis le banc et les entrées en jeu de
Tello et Keita en fin de match n'y changeront rien, ni même les 73% de
possession. Cech rend une copie impeccable, et Torres, entré en
cours de jeu, se charge d'aller crucifier Valdès dans les arrêts de
jeu, empêchant les socios de croire à un renversement de situation
dans les derniers instants du match, comme en 2009. Cette fois-ci,
pas de fucking disgrace. C'est Chelsea qui l'emporte à la
régulière.
La fin d'un cycle ?
La fin d'un cycle ?
Beaucoup voient en
cette défaite la fin d'un cycle, comme beaucoup voyaient en 2010 une
passation de pouvoir, après l'élimination du barça par l'Inter en
demi-finale de la ligue des champions. La suite on la connaît, les
catalans avaient tout raflé en 2011. Et n'en déplaise à certains,
c'est là encore ce qu'il risque de se passer. Car n'oublions pas que
l'effectif du Barça a encore des années devant lui. Les Iniesta,
Busquets, Messi et Piqué n'ont pas la trentaine, et sont loin
d'avoir raccroché les crampons. Et la relève semble être là, bien
qu'encore un peu tendre (on pense à Cuenca, Tello, Adriano ou encore
Alcantara). Sans compter le retour de Villa pour l'année prochaine.
Et si certains pensent que l'euro 2012 ne va pas aider les troupes du
barça à se reposer, c'est trop vite oublier la performance de
l'Espagne pendant la coupe du monde 2010. Comme le mondial n'a pas
empêché les espagnols du barça de récupérer de la saison 2010,
l'euro n'empêchera pas Xavi, Iniesta et consorts de récupérer
avant le début de saison 2012/2013. Comme en NBA, c'est l'accumulation
des matchs qui poussent les sportifs de haut-niveau à se dépasser.
Deux ou trois arrivées bien choisies au mercato ne devrait cependant
pas faire de mal à un banc du barça qui manque de profondeur. Quant
au système de jeu basé sur la possession du ballon, tout le monde
connaît ses limites, et tout le monde connaît la solution. Laisser
les barcelonais écarter le jeu, occuper l'axe et défendre bas
plutôt que sur l'homme pour boucher les intervalles. Di Matteo n'a
fait que réitérer le schéma de jeu qu'avait mis en place Mourinho
avec l'Inter en 2010 (Drogba, Eto'o, même combat) et a su profiter de
l'efficacité et de la réussite de sa ligne offensive en
contre-attaque, les blues n'ayant que trop rarement dépassé le
milieu de terrain. Ajouter à cela l'absence de sérénité derrière,
conséquence d'un Valdès trop peu sûr de lui (et surestimé ?) et de
la sortie de Piqué, et vous obtenez les raisons de la qualification
de Chelsea. Loin de là cependant l'idée de sous-estimer la
performance des blues, qui n'en reste pas moins honorable, tant les
londoniens se sont montrés solide défensivement, à l'image d'un
Cahill en grande forme depuis le mois de janvier, et efficace
offensivement, qui plus est à dix. Seulement, toutes les équipes ne
pourront pas défendre comme l'a fait Chelsea hier et l'Inter il y a
deux ans. Surtout, Xavi et Messi, bien en dessous de leur niveau lors
des dernières prestations, ne seront pas toujours diminués. Ces
derniers matchs soulignent néanmoins l'importance des deux maîtres à
jouer au sein du système de jeu du barça. Avec ou sans Guardiola,
avec ou sans Bielsa, il n'y a donc aucune raison pour que Barcelone
change son système de jeu. Car comme le dit l'adage bien connu, « ce
qui ne tue pas rend plus fort ».
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