Trainspotting

Trainspotting

samedi 1 novembre 2014

Benoît Cheyrou, homme de l'ombre

Laissé à l'écart du groupe professionnel par Marcelo Bielsa depuis l'arrivée de l'Argentin à la commanderie cet été, Benoît Cheyrou s'est finalement entendu avec l'Olympique de Marseille pour mettre fin à son contrat. Après huit saisons passées au club, le natif des Hauts-de-Seine s'en va comme à son habitude, sans faire de bruit.



Depuis la prise de commande de l'équipe par Marcelo Bielsa et la redistribution des rôles qui va avec, il en était réduit à vouloir devenir l'un des meilleurs joueurs français de padel, un sport de raquette proche du tennis, la notoriété en moins. Car si pour certains, l'arrivée d'un nouvel entraîneur sonne comme l'occasion de retrouver une place de titulaire au sein d'un système nouveau, elle est aussi pour d'autres synonyme de mise au placard. Benoît Cheyrou, lui, appartenait depuis août à la deuxième catégorie. Après huit saisons à défendre sa place au sein du onze titulaire olympien, l'ancien Auxerrois, du haut de ses 33 ans, semblait avoir déposé les armes en acceptant sa situation et son statut de joueur libre de partir. À l'inverse des années précédentes, le milieu axial, dont le salaire approchait tout de même les 2,5 millions d'euros annuels, se complaisait même dans celle-ci.

Benoît VII 

Aucune déclaration dans les médias semblable à celle de la reprise de la saison en 2008, lorsque le Lion de Rekem Éric Gerets, entraîneur de l'Olympique de Marseille à l'époque, avait jugé la condition physique du cadet des frères Cheyrou trop juste pour qu'il puisse prétendre à une place de titulaire. Le numéro 7 olympien avait lui assuré qu'il se sentait « bien, apte à jouer» suite à une rencontre face à Rennes débutée sur le banc. De la même manière qu'il avait dû batailler ferme lorsque Didier Deschamps, alors à la tête de l'équipe, avait déclaré en août, après l'année du titre, qu'il ne comptait pas sur lui pour la saison à venir. Alors que Benoît Cheyrou sortait d'une saison 2009/2010 pleine qui lui avait permis de finir dans l'équipe type du championnat de France pour la troisième fois consécutive. Quelques mois auparavant, l'ancien capitaine des espoirs frappait même aux portes de l'équipe de France. Trois ans plus tard pourtant, sous Elie Baup et malgré un début d'année 2013 commencé sur le banc, le vainqueur de la Coupe de France 2005 avec l'AJA était toujours là pour faire profiter l'équipe de son expérience. Un exercice 2012/2013 qui l'avait vu, pour la première fois depuis sept saisons, descendre sous la barre des 30 matches de Ligue 1 disputés en une saison (25). Au terme de plusieurs mois de négociations avec le président qui n'auront mené à rien, Benoît Cheyrou a finalement abdiqué, conscient qu'il était de trop dans cet effectif olympien jeune tourné vers l'avenir qui n'aspire qu'à retrouver les sommets.

Bonnart, Isabey, Barbosa, et Cheyrou 

Car Benoît Cheyrou n'a rien d'un joueur moderne. Il demeure même l'un des rares encore estampillé « Division 1 », de la trempe des Michaël Isabey, Sylvain Kastendeuch, Ulrich Le pen, Cédric Barbosa ou encore Laurent Bonnart, qu'il a côtoyé à l'Olympique de Marseille. Ces baroudeurs qui ont tous au moins une fois porté le brassard de capitaine dans leurs clubs respectifs et dont le nombre de matches disputés au sein de l'élite se compte en centaines. Ces anciens, incapables à eux seuls de faire basculer le sort d'une rencontre, mais qui se contentent de faire le travail. Et qui le font correctement. À l'Olympique de Marseille, Benoît Cheyrou se sera donc appliqué à faire les choses bien, jusqu'à devenir un joueur essentiel de l'équipe lorsqu'il était au sommet de sa forme. Capable de distribuer des caviars à son pote Gignac, mais aussi de marquer, comme ce fut le cas lors de toutes les saisons qu'il a passé en Ligue 1. Reste désormais à savoir si l'avenir de l'ancien olympien se fera en Ligue 2, à Châteauroux ou à Dijon, ou bien sur les terrains de padel. Une chose est cependant certaine, il s'écrira dans l'ombre.

dimanche 5 octobre 2014

Danny le rouge


Débarqué cet été à Arsenal en échange de 20 millions d'euros, Danny Welbeck ne fait pas encore l'unanimité sous les couleurs des Gunners, qui lui reprochent son manque d'efficacité. Néanmoins pour l'ancien joueur de Manchester United, la tendance pourrait vite s'inverser.


Thierry Henry, Nicklas Bendtner, et maintenant Danny Welbeck. Depuis le premier triplé de sa carrière inscrit face à Galatasaray en Coupe d'Europe, l'international anglais fait désormais partie du cercle très fermé des attaquants d'Arsenal à avoir scoré à trois reprises en une rencontre de ligue des champions. Une performance qui, outre le fait de se voir comparé à tort avec le meilleur buteur de l'histoire du club, Titi Henry himself, a permis à l'international anglais de prouver aux supporters des Gunners qu'il en avait assez sous le capot pour répondre aux attentes des siens et faire ce qu'on lui demande : la mettre au fond. Car s'il est encore très loin des 226 buts inscrits par le King Henry, Welbeck a au moins su faire preuve d’efficacité lors de la seconde sortie d’Arsenal en Ligue des Champions cette saison, au moment de se présenter face au portier uruguayen Muslera. Une réussite qui le fuyait trop souvent depuis son arrivé à l'Emirates, notamment comme lors de son match face à Manchester City ou Tottenham, où le joueur des three lions avait échoué à se montrer décisif.


9 buts en 25 rencontres de Premier League


Surtout, ces trois buts ont permis au joueur le plus eighties de l'albion d'entendre son nom scandé par le public londonien, acquis à sa cause lors de la rencontre contre les turcs d'Istanbul. Des fans qui commençaient clairement à trouver suspect le choix d'Arsène Wenger d'avoir signé dans les derniers minutes du mercato un attaquant dont le plus grand fait d'arme reste d'avoir inscrit 9 buts en 25 rencontres de Premier League la saison passée, quant eux s'attendaient à voir évoluer sous leurs couleurs une pointe de l'acabit de Falcao ou même Loïc Rémy. Sauf que pour l'Alsacien, ce transfert est tout sauf un choix par défaut, lui qui est d'ailleurs le premier à monter au créneau quand il s'agit de défendre les prestations pas vraiment convaincantes de son attaquant. « Il va s'améliorer. Pas besoin d'en faire un problème. Il a fait une bonne première demi-heure avec deux ou trois occasions qu'il n'a pas concrétisé... Il faut être patient avec lui » avait alors lancé Tonton Arsène en zone mixte après la défaite concédée 2-0 face au Borussia en ouverture de la champion's.


Welbeck/Sturridge, même combat



Reste donc aux Gunners à ronger leur frein en attendant l'éclosion du mancunien. Une patience que n'auront pas eu les dirigeants américains de Manchester United, préférant débourser des sommes folles afin d'acquérir des top players comme Di Maria plutôt qu'oser pour un pari sur l'avenir, histoire de se donner l'assurance de retrouver au plus vite les joutes européennes. Et au fond, Arsenal a tout à y gagner. Car à l'instar de Sturridge à Liverpool, le natif de Manchester pourrait bien prendre la même trajectoire que celle de son aîné de deux ans. Après quatre ans passés sous les couleurs de Chelsea et une saison à 11 buts en 30 matchs, l'autre Daniel fait aujourd'hui le bonheur des Reds, au sein d'un collectif où il s'est affirmé comme le futur buteur providentiel du club de la Mersey, marquant à 22 reprises lors du dernier championnat d'Angleterre. À Danny Welbeck désormais de trouver sa place au sein d'une équipe dans laquelle on lui permet enfin d'exister, et de prouver qu'il peut lui aussi, comme son compagnon d'attaque en sélection, s'imposer comme l'un des meilleurs attaquants du royaume du haut de ses 23 ans. De façon à pouvoir entendre son nom résonner dans les travées de l'Emirates Stadium encore quelques temps.

mardi 19 mars 2013

Michael Owen, d'un ballon d'or à Stoke City




La nouvelle est tombée ce matin. Michael Owen, 33 ans seulement, mettra un terme à sa carrière une fois la saison terminée. Plus que des buts et un ballon d'or, l'attaquant anglais emporte avec sa paire d'Umbro pas mal de regrets et d'interrogations.

Andy Cole, Geoff Hurst et Kevin Keegan

"Big day today. I have decided that this will be my last season as a professional footballer". Pas de conférence de presse, pas d'annonce télévisuelle, c'est via Twitter et ces quelques caractères que l'ex Reds a fait part de son souhait de raccrocher les crampons au terme de la saison.  Une discrétion qui lui va finalement si bien, tant Owen semble n'avoir jamais était en mesure de confirmer réellement tous les espoirs que la nation avait placés en lui. Pourtant, tout laissait à penser que le natif de Chester serait en mesure, comme Geoff Hurst avant lui, de permettre à l'Albion de décrocher une coupe du monde. Gamin au talent précoce et malgré sa petite taille,  Owen impressionne très vite, au point de rejoindre la school of excellence de l'association de football britannique, au même titre qu'Andy Cole, dès l'age de 14 ans. Deux ans plus tard, et bien qu'il supporte les Toffees, c'est avec Liverpool qu'il signe son premier contrat pro, en 1996. La même année, il contribue à la victoire de son club en FA Cup et claque ses premiers pions. Sa vitesse balle au pied et son efficacité face au but lui permettent de très vite s'affirmer et de taper dans l'oeil du manager anglais de l'époque, Glenn Hoddle,  qui l'invite à disputer le mondial 1998 avec les Three Lions. Et bien que cette sélection puisse porter à débat, l'adolescent va vite montrer au monde toute l'étendue de son talent et faire taire les sceptiques, notamment grâce à un but qui le résume parfaitement. En huitièmes face à l'Argentine, alors que le match bat son plein, Owen va profiter d'une ouverture de Beckham pour définitivement gagner le coeur des anglais. Aux 50 mètres, il élimine son vis-à-vis en caressant son ballon d'un extér du droit des plus délicats, passe la cinquième et s'envole. Lancé à pleine vitesse, il met un vent à Ayala à l'entrée de la surface et crucifie Roa d'une frappe croisée. L'Angleterre échouera ensuite aux tirs aux buts, mais le Royaume prend conscience du potentiel du jeune anglais. Trois ans plus tard, c'est la consécration pour Owen qui atteint les sommets et remporte le ballon d'or 2001, suivant l'exemple de Kevin Keegan 22 ans plus tôt. Ces 158 buts en moins de 300 matchs sous les couleurs des Reds vont lui permettre de signer au Real en 2004. Mais là où beaucoup y voient la possibilité pour l'attaquant anglais de franchir un nouveau palier, cette signature va être le déclenchement d'une lente descente aux enfers.

Raul, Alan Shearer et Ryan Giggs

Car comme beaucoup après lui, son passage à Madrid ne va pas lui permettre de confirmer. Pire encore, elle va le détruire. Concurrencé par Raul et Ronaldo (excuse), Owen ne parvient pas à se faire une place au sein du onze titulaire merengue. C'est alors qu'il décide de s'engager en Août 2005 avec Newcastle, avec l'espoir secret de marcher sur les traces d'Alan Shearer. Il n'en sera rien. Avec les Magpies, il se blesse une première fois au métatarse du pied droit, puis se déchire les ligaments avec l'Angleterre pendant la coupe du monde en 2006. La suite, on la connait. Owen n'arrivera jamais à retrouver le niveau qu'il lui avait permis de s'affirmer comme l'un des attaquants les plus talentueux de l'histoire. Il ne fera pas non plus gagner de coupe du monde à l'Angleterre. En vrai, Owen n'a même pas été capable de remporter une ligue des champions, et ne peut se vanter que d'une Coupe de l'UEFA glanée avec Liverpool en 2001, lorsqu'on lui demande d'énumérer ses trophées. Un faible palmarès pour un ancien ballon d'or. Son passage à Manchester United lui permettra aussi de décrocher un titre de champion d'Angleterre en 2011, son premier et unique, remporté à l'age de 31 ans. C'est d'ailleurs avec les Red Devils qu'il fera lever les foules une dernière fois, lors d'un derby des plus chauds gagné 4-3 par United face aux citizens et un but victorieux inscrit à la 96ème, sur une passe de Ryan Giggs. Cette année, avec Stoke, Michael Owen se montre une nouvelle fois discret. Sur le pré à sept reprises, l'enfant prodige du Royaume n'a inscrit qu'un seul but. A 33 ans seulement, il était finalement peut-être temps pour Michael Owen de tourner la page.

lundi 4 mars 2013

Que vaut réellement la Bundesliga?




   La donne a changé. Depuis quelques temps, une partie de la sphère footballistique se plait à affirmer que la Bundesliga est devenue le championnat le plus attrayant d'Europe, et donc du monde. Adouber la Premier League est devenu trop mainstream, presque autant que relever le bout des manches de son t-shirt asos. Lassés d'entendre leurs potes vanter les mérites du championnat rosbeef,  certains préfèrent donc se rattacher au championnat allemand, pensant qu'en faire les éloges suffit à leur octroyer une crédibilité en terme de connaissance du ballon rond. Mais concrètement, où se situe le niveau de la Bundesliga? Analyse.

La qualité de jeu

   On ne va pas se mentir, mater un match au pays des teutons, c'est quand même bien bandant. Des lourdes frappes, des décrochages, des lourdes frappes, des buts, des retournements de situations, des lucarnes à foison, des lourdes frappes... ce que demande le peuple. Au niveau de la qualité de jeu, la Bundesliga n'a rien à envier aux grands championnats européens, et a permis l'éclosion de talents tels que Reus, révélé à Gladbach, Badsturber au Bayern ou encore Götze à Dortmund, excusez du peu. La formation allemande est aujourd'hui la plus performante d'europe, où en tout cas celle qui régale le plus. Et c'est tout à son honneur quand on voit la difficulté qu'a la France à garder au sein de ses frontières ses purs produits du terroir, ces derniers n'hésitant pas à dire merde à la ligue 1 et à s'exiler vers des territoires plus enclins au développement de leur potentiel alors qu'ils n'ont ni permis, ni bac en poche. En témoignent les départs de Pogba, formé au HAC, Niang de Caen ou Varane, l'enfant du Nord, qui ont préféré mettre le cap vers de plus grandes écuries européennes, ne voyant aucun intérêt à signer au sein de pointures nationales comme l'OL, l'OM ou le PSG. Et on les comprend, tant grand bien leur en a pris. Et même si le meilleur élément de la Mannschaft évolue aujourd'hui au Real, il ne faut pas oublier que c'est sur les terres allemandes que le talent de Mesut Özil s'est révélé, au Werder, tout comme son compatriote Kedhira, resté quatre ans au VFB Stuttgart. L'Allemagne met l'accent sur la formation, prend le temps de former ses pépites, et on ne peut qu'approuver. La Bundesliga est également un vivier au sein duquel la sélection nationale n'hésite pas à se servir, comme le montre la provenance des mecs convoqués. Sur les 23 derniers joueurs sélectionnés pour la rencontre amicale face aux Pays-Bas, seuls quatre éléments n'évoluaient pas en Bundesliga. Ce qui n'empêche pourtant pas les hommes de Löw de passer les phases de qualification sans encombre et d'atteindre, depuis 2006, le dernier carré de chaque coupe du monde et championnat d'europe. La Bundesliga surfe aussi sur la vague des jeunes entraîneurs insouciants qui n'hésite pas à produire du jeu, comme Jürgen Klopp au Borussia, Thorsten Fink à Hambourg ou encore Thomas Tuchel à Mayence. Elle peut également se targuer d'attirer des tacticiens reconnus tels que Lucien Favre, entraîneur de Mönchengladbach ou Félix Magath, aux commandes du VFL Wolfsburg. Alors à moins de passer ton aprèm devant Greuther Fürth-Fortuna Düsseldorf, regarder un match de Bundesliga, c'est quand même l'assurance de passer un bon moment et de te régaler, aucun doute là-dessus.

L'ambiance

   Bon là, on en fait trop. Oui les stades sont pleins, oui les gens sont souriants, et oui c'est surement très compliqué d'aller gagner au Westfalenstadion. Mais sincèrement, en terme d'ambiance, pas sur qu'un derby romain ait beaucoup à envier à un Borussia Dortmund-Bayern Munich ou même à un derby de la Rhur. Alors d'accord, à choisir, il est clair que tu préfères amener tes gosses dans la Südtribüne à Dortmund plutôt que d'aller squatter avec eux la curva sud du stadio Olimpico, mais là n'est pas la question. En terme de frissons procurés et d'ultras, il est certain que la Bundesliga a des concurrents de taille de l'autre côté des Alpes ou encore outre-Manche.

Le suspense

   L'un des arguments pour venir détruire les propos des amateurs de chorizo qui font l'éloge de la Liga. Oui mais là aussi, la Bundesliga tend à se résumer en un duel entre le Borussia Dortmund et le Bayern Munich. Micoud et Klose n'évoluent plus au Werder, Misimovic et Grafite ont préféré respectivement partir en Chine et aux Emirats plutôt que de s'inscrire dans la continuité à Wolfsburg après leur titre acquis il y a quatre ans, ressemblant d'avantage au Bordeaux de Laurent Blanc cru 2009, où la plupart des joueurs étaient clairement en sur-régime l'année de leur sacre (des nouvelles de Chamakh?). Quant à Leverkusen, le Bayer n'a définitivement pas les capacités pour rivaliser, à terme, avec les deux géants allemands. Néanmoins, c'est peut-être aussi là le signe que la Bundesliga est en train de prendre de l'ampleur. Avec l'ascension du Borussia et la main mise du Bayern, il va devenir de plus en plus difficile de venir titiller les deux colosses, et les équipes vont devoir hausser leur niveau de jeu pour espérer glaner le titre en fin de saison. Un mal pour un bien, finalement.

La comparaison au niveau européen

   En trois ans, le Bayern a perdu deux finales de champion's league, quand depuis 2005, chaque membre du big four est, au moins une fois, arrivé en finale, si l'ont fait l'impasse sur l'édition 2010 et cette confrontation remportée par l'inter de Mourinho au détriment des munichois. Vu de cette façon, il est donc tout de même difficile de ne pas admettre que c'est en Angleterre que jouent les meilleurs équipes, et que la Premier League compte dans ses rangs plusieurs teams qui font partie du gratin européen.

   Finalement, si l'on devait résumer la situation de l'Allemagne en quelques mots, ce serait les suivants: toujours placé, jamais gagnant. Mais en réalité, être allemand, c'est accepter de perdre, et souvent de façon tragique. Défaits lors des deux guerres mondiales, l'histoire semble prendre un malin plaisir à se répéter à travers le football. Les allemands continuent d'entretenir cette réputation de perdants, qui ont toutes les cartes en main, mais qui ne peuvent s'empêcher de tout faire foirer, remember la finale perdu par les munichois sur leurs terres en 2012, ou encore l'élimination de la Mannschaft en demi face à l'Italie, en 2006, dans une coupe du monde qui devait être la leur, synonyme de premier titre mondial pour l'Allemagne depuis sa réunification. Les allemands vont jusqu'à remettre en cause les propos de Lineker qui, à la suite de la défaite des anglais en demi lors de la coupe du monde 1990, affirmait: «Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, les Allemands gagnent toujours». Il n'en demeure pas moins qu'à travers son championnat, l'Allemagne favorise sa formation et met toute les chances de son côté, en se chargeant de l'éclosion de leurs futurs grands et en opérant un réel suivi, s'appuyant sur le modèle espagnol, pour enfin espérer se mettre à gagner. Et nul doute que quand l'Allemagne s'éveillera, le monde tremblera. 

mercredi 6 février 2013

Luis Suarez le mal-aimé



   Étincelant depuis le début de saison, Luis Suarez maintient le cap à Liverpool. Si les Reds peuvent encore prétendre à l'Europe cette année, ils le doivent en grande partie à leur attaquant Uruguayen, pourtant très loin de faire l'unanimité. Portrait d'un mec qui défraie la chronique.


Plongeons, oreille et Jackson Five


   C'est bien connu, en Angleterre plus qu'ailleurs, la popularité d'un joueur se mesure dans les tribunes. Lampard, Gerrard, Rooney, Terry, tous ont un chant qui leur est dédié, vantant autant leurs exploits sur le pré que leurs frasques extra-sportives. Dernier exemple en date, la chanson dédiée à l'ex-squatteur du Milk montpelliérain, Olivier Giroud, entonnée par les supporters gunners à chaque sortie ou but du frenchie sur fond de 'Hey Jude'. S'il en fallait un qui définisse la vision qu'a le royaume de Luis Suarez, ce serait sans conteste celui inventé par les supporters de Stoke un soir de cup, et ce fameux "he cheats, he dives, he hates the jackson five, Luiiiiiis Suareeeez". Car malgré son talent indéniable, et bien qu'il soit libre d'écouter les sons qu'il veut, c'est peu dire que le buteur à la tête de rongeur agace. Et en y regardant de plus près, le passé donne raison à ses détracteurs. À son tableau de chasse vient bien évidemment s'inscrire cette main face au Ghana en quart du mondial 2010. Geste qui privera le continent africain d'une première demi-finale historique, et que les uruguayens préféreront qualifier de deuxième "main de dieu". On peut également y ajouter son implication dans une affaire de propos racistes que l'attaquant aurait adressé à l'encontre d'Evra, qui lui vaudra huit matchs de suspensions. Mais Suarez, c'est aussi des buts de la main, le plus récent face à Mansfield lors du troisième tour de cup en ce début d'année, des plongeons à répétitions et un croc dans l'oreille d'Otman Bakkal, lors d'un bouillant Ajax-PSV lorsque ce diable de Luis Suarez (elle est pour toi celle-là, Stéphane Guy) évoluait encore sous les couleurs des ajacides. Un joueur aussi régulier qu'instable, qui traîne donc derrière lui pas mal de casseroles, en plus d'une réputation de tricheur, confirmée par les propos de Koscielny relayés par Skysports, en octobre dernier. "Quel est l'attaquant que je déteste le plus? Suarez. C'est fatigant de jouer contre lui. Il triche. Il tire votre maillot. Il donne des coups vicieux. Vous voulez toujours lui donner un coup de pied mais vous devez être prudents de ne pas prendre un carton rouge[...] C'est un joueur qui va chercher a plonger dès qu'il y a le moindre contact. Pendant un duel, nous nous étions touchés, et il est immédiatement tombé au sol" avoue l'ancien lorientais. Mais là où certains y voient un manque de maturité, il faut y déceler une volonté à toute épreuve. La vérité, c'est que Luis Suarez est un génie, un type toujours à 200%, capable de pousser à bout les défenseurs adverses pour planter son pion, et prêt à se sacrifier pour sa team. Car le natif de Salto sait qu'il vient de loin, et il ne l'oublie jamais.



De la rue à Anfield


   Et c'est peu dire que Suarez en a chié. Issu d'un milieu modeste, c'est avec ses 6 frères qu'il passe sa jeunesse, élevé seulement par sa mère suite au divorce de ses parents lorsqu'il avait 9 ans. C'est dans les rues de Montevideo qu'il récite ses premières gammes. Précoce, il dispute ses premiers matchs pros avec le Nacional, l'équipe locale, à seulement 18 ans. Suarez commence sérieusement à voir à travers le football une alternative à la misère, et c'est aussi avec ces mêmes tricolores qu'il commence à gagner ses premiers trophées. En Uruguay, il n'y reste qu'un an, le temps pour lui de scorer 12 buts en 34 matchs et de se faire transférer à Groningue, aux Pays-Bas. Ce transfert va constituer un tremplin pour sa carrière. Tout s'accélère, et l'attaquant est transféré l'année suivante à l'Ajax. À Amsterdam, il prend une nouvelle dimension, passe la seconde, et claque la bagatelle de 111 buts en 159 matchs. La suite, on la connaît. En 2011, il débarque à Liverpool et dégomme tout sur son passage, dans tous les sens du terme. Très vite, il séduit les scousers. Un match en particulier va permettre au joueur de la celeste de se faire définitivement adopter sur les bords de la Mersey. Quelques mois après son transfert, Liverpool reçoit son ennemi de toujours, Manchester United. Suarez est aligné seul en pointe, et a la lourde tâche de porter l'attaque des Reds. L'uruguayen va carrément tout faire péter. 33ème minute, après un cafouillage dans la surface, l'attaquant demande le ballon, le reçoit dos au but, et mystifie tout bonnement toute la défense mancunienne dans un périmètre restreint avant d'adresser un caviar à Kuyt qui n'a plus qu'à le pousser au fond des filets. Anfield exulte, mais lui ne s'arrête pas là, et va largement contribuer au succès des reds, 3-1. Les fans de Liverpool tombent amoureux de Suarez, et Suarez leur rend bien. Cette saison, plus décisif que jamais, il affiche déjà 17 buts en 24 matchs, juste derrière les 18 réalisations de Van Persie. Il n'en fallait pas moins pour que certaines grandes écuries d'Europe se positionnent sur son transfert, notamment le Bayern Munich, prêt à débourser pas moins de 40 millions d'euros pour s'attacher ses services. Cela dit, Liverpool ne compte pas le lâcher de sitôt, à en croire les dernières déclarations de Brendan Rodgers, son coach. "Il n'est jamais blessé, il n'est jamais sur une table de massage. Il est capable de jouer trois matchs chaque semaine. C'est un joueur fantastique". Gerrard va même jusqu'à déclarer que "c'est le meilleur attaquant avec qui [il a] pu jouer". Suarez ne fait pas l'unanimité en Europe? Il s'en bat les reins. A Liverpool, désormais, c'est lui le boss.